segunda-feira, março 10, 2008

Essentiel




La mer! La mer!

La mer tragique et incertaine,
Où j'ai traîné toutes mes peines!

Depuis des ans, elle m'est celle.
Par qui je vis et je respire,
Si bellement, qu'elle ensorcelle
Toute mon âme avec son rire
Et sa colère et ses sanglots de flots;
Dites, pourrais-je un jour,
En ce port calme, au fond d'un bourg,
Quoique dispos et clair,
Me passer d'elle?

La mer! La mer!

Elle est le rêve et le frisson
Dont j'ai senti vivre mon front.
Elle est l'orgueil qui fit ma tête
Ferme et haute, dans la tempête.
Ma peau, mes mains et mes cheveux
Sentent la mer
Et sa couleur est dans mes yeux;
Et c'est le flux et le jusant
Qui sont le rythme de mon sang.

Émile Verhaeren




pindaro

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