domingo, março 06, 2005

Il Valentino

CÉSAR BORGIA
Portrait en pied


Sur fond d´ombre noyant un riche vestibule
Où le buste d´Horace et celui de Tibulle

Lointains et de profil rêvent en marbre blanc,
La main gauche au poignard et la main droite au flanc

Tandis qu´un rire doux redresse la moustache,
Le duc César en grand costume se détache.

Les yeux noirs, les cheveux noirs et le velours noir
Vont contrastant, parmi l´or somptueux d´un soir,

Avec la pâleur mate et belle du visage
Vu de trois quarts et très ombré , suivant l´usage

Des Espagnols ainsi que des Venetiens
Dans les portraits de rois et de patriciens.

Le nez palpite, fin et droit. La bouche, rouge,
Est mince, et l´on dirait que la tenture bouge

Au souffle véhément qui doit s´en exaler.
Et le regard errant avec laisser-aller

Devant lui, comme il sied aux anciennes peintures,
Fourmille de pensers énormes d´aventures.

Et le front, large et pur, silloné d´un grand pli,
Sans doute de projects formidables rempli,

Médite sous la toque où frissone une plume
S´élançant hors d´un noeud de rubis qui s´allume.


Paul Verlaine


píndaro

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